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Habiba Djahnine était l’invitée de l’écrivain Youcef Zirem au café littéraire parisien de l’Impondérable, le 7 avril dernier.

Le livre de poésie, Traversée par les vents, publié chez les éditions Bruno Doucey, de Habiba Djahnine a été l’occasion de discuter de poésie, de féminisme, de cinéma, de décennie noire, de mysticisme… au café l’Impondérable de Youcef Zirem.

Habiba Djahnine est productrice, documentariste, réalisatrice de films, poétesse et écrivaine. Mais on ne peut parler de Habiba Djahnine sans évoquer sa sœur Nabila qui était une architecte engagée pour le droit des femmes, l’une des plus grandes féministes algériennes.


Nabila a créé l’Association de Défense des Droits des Femmes, Tiɣri n tameṭṭut (cri de femme), dont elle était présidente. Elle a lutté durant toute sa courte vie contre le Code de la famille reléguant les femmes au statut de mineures.

Nabila Djahnine a été assassinée par l’obscurantisme, par des fondamentalistes musulmans le 15 février 1995, rejoignant les milliers de victimes de cette période la plus noire de l’histoire de l’Algérie post-indépendance.

Habiba Djahnine est l’initiatrice de Béjaïa Doc, un atelier de création de films documentaires. Elle sillonna les routes d’Algérie dans le cadre de ces ateliers.

Son long métrage poignant, Lettre à ma sœur, consacré à sa sœur Nabila, a eu un grand impact sur le réveil des consciences et le sursaut identitaire.

Son recueil, Traversée par les vents, est une envolée mystique, une invitation au voyage, à la méditation, où le cœur interpelle l’esprit.

Le recueil s’ouvre sur une citation de Rumi (Djalâl ad-Dîn Rûmî), le grand poète mystique persan, l’un des plus hauts génies de la littérature spirituelle universelle.

« Je viens de cette âme qui est à l’origine

de toutes les âmes

Je suis de cette ville qui est la ville

de ceux qui sont sans ville

Le chemin de cette ville n’a pas de fin

Va, perds tout ce que tu as, c’est cela

qui est le tout. »

Cette citation donne le ton du recueil, une dimension mystique et spirituelle s’ouvre à nous et nous attire vers un beau voyage où aventuriers, chercheurs et initiés s’y retrouvent dans une voie qui transcende la réalité déchirant l’illusion vers la vérité.

« Tout nous assaille

Inquiétude et chaos

Tissent un sentiment

Peut-être une conviction

De n’appartenir qu’à la terre »

La terre nourricière qui donne vie et accueille la mort. La vie en sort toujours vainqueur.

Durant l’échange avec Youcef Zirem, une atmosphère apaisante nous enveloppa tous, les lectures de poèmes plongèrent la salle dans l’émerveillement, il faut dire que Youcef Zirem sait donner le ton, le rythme, le tout planant dans l’harmonie.

Habiba Djahnine cite les grands savants mystiques qui l’influencent, qui lui parlent, Rumi (Djalâl ad-Dîn Rûmî), Hallaj (Mansur al-Hallaj), Kheyam (Omar Khayam), des références qui émeuvent le public, éveillant les cœurs vers l’union et l’amour.

Les regards se croisent bienveillants, heureux du partage culturel comme une douce brise fraîche soufflant sur les âmes.

« Aâmi Salem

…..

J’ai bu du thé qu’il m’a offert et j’ai demandé

« As-tu prié … ? As-tu jeûné ? »

« Dieu m’a dispensé de tout

Ma soumission à Lui recouvre mes prières

Quant au jeûne il m’est quotidien »

Le sage, le mystique ou même l’Ermite savent voir au-delà des voiles, des cieux pleins d’étoiles, loin des certitudes, loin des servitudes, loin du superflu de note époque folle, ils se délectent de l’essentiel.

Le poète comme le peintre peint sa réalité, met des couleurs là où il n’y en a pas, ces couleurs sont les mots, ceux qu’il choisit et ceux qui s’imposent d’eux-mêmes.

« Les entrailles de la terre ont gémi

Désarroi destruction agonie

En lambeaux ils étaient

Mais ils se relèveront d’entre les morts

Ils reviendront maintes fois leur dire

Que la terre a assez bu de mensonges et de crimes

J’avais la conviction non la certitude d’un désert »

Habiba Djahnine a côtoyé les vents de la peur, de l’effroi, ceux qui accompagnent le sifflement de la faux de la faucheuse fauchant les âmes, elle peut maintenant accueillir ceux du déserts, ces vents qui sculptent les dunes et les mirages, son regard la portent au-delà des horizons, des vents mauvais aux vents meilleurs.

La rencontre littéraire s’est terminée aux frontières du désert, libre à chacun de continuer à marcher sur le sable fin ou de rebrousser chemin.

Brahim Saci

Livres de poésie :

Outre Mort – édition El Ghazali.
Fragments de la maison – édition Bruno Doucey.
Traversée par les vents – édition Bruno Doucey.

Les films :

Lettre à ma sœur
Autrement citoyens
Retour à la montagne
Avant de franchir la ligne d’horizon
Safia, une histoire de femme
La Kabylie des Babors
D’un Désert
 
Brahim SACI
 
DIASPORADZ
Le 10 avril 2024
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