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Crédit photo : Jean-Marc Cherix
 
 
Laure Mi Hyun Croset est une écrivaine qui émerveille le regard et l’intellect, une écriture forgée par l’expérience d’un vécu qui donne à chaque mot son poids et l’œil est captivé, le cœur est apprivoisé par ce style limpide mais ciselé où le souffle s’apaise, comme une césure qui offre une halte poétique aux dimensions spirituelles aux ailes mystiques.
Le lecteur averti trouvera la source où s’abreuver, l’aventurier trouvera des voyages inespérés, heureux donc celui qui sait regarder et lire derrière chaque ligne.
Laure Mi Hyun Croset a cette magie qu’ont seulement les grands auteurs, celui de retenir le lecteur par une écriture vraie sans concession, celui-ci se laisse accaparer au point de ne plus vouloir sortir tant il fait sienne l’histoire, et les sens sont en éveil pour ne rien rater pas même une respiration.
Laure Mi Hyun Croset a fait ses études à l’université de Genève en littérature française et en histoire de l’art, où elle a obtenu une licence, installée à Genève elle consacre son temps à l’écriture pour notre plus grand bonheur.
Laure Mi Hyun Croset ne cesse de nous surprendre agréablement par ses publications de qualité portant son génie littéraire au paroxysme des cimes, elle passe de la nouvelle au roman avec une facilité déconcertante, rétrécissant ainsi la frontière entre les deux genres, on s’y plonge, la brièveté et la densité se complètent, attendant avec suspense le dénouement.
Laure Mi Hyun Croset vient de publier, Made in Korea, un roman au titre évocateur paru aux Éditions BSN Press & Okama, c’est une histoire poignante, écorchée, sur le chemin d’une renaissance.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes une écrivaine au grand talent, qui ne cesse de faire parler d’elle, vous passez aisément de la nouvelle au roman, au conte, qui est Laure Mi Hyun Croset ?
Laure Mi Hyun Croset : Merci, cher Brahim Saci, pour vos mots magnifiques et perspicaces ! Derrière le journaliste, je perçois l’attention du poète. Il serait trop long de parler de ma personne, de ses passions et de ses contradictions, donc je vais plutôt vous dire deux mots sur l’écrivaine. Si je suis née en Corée et que je vis en suisse, ma vraie patrie est la langue française et je suis davantage une styliste qu’une conteuse. En effet, ce qui m’intéresse le plus, c’est le dispositif narratif, la structure, le point de vue sur les choses et le langage avec lequel je tente d’exprimer une partie de la complexité de notre monde.
Le Matin d’Algérie : La littérature semble faire partie de vous, quels sont les auteurs qui vous influencent ?
Laure Mi Hyun Croset : Vous avez totalement raison, je suis une plus grande lectrice que romancière. Si je suis une immense fan de La Bruyère, Flaubert ou Kundera, dont j’apprécie énormément l’ironie, j’aime aussi la littérature américaine contemporaine sombre et sauvage. Dès le moment où un auteur possède une acuité du regard et un style puissant pour l’exprimer, je suis emballée.
Le Matin d’Algérie : Made in Korea, interpelle le cœur et l’esprit, racontez-nous la genèse de ce roman ?
Laure Mi Hyun Croset : Comme j’avais écrit un roman très étrange et qu’il n’a pas encore trouvé preneur dans les grandes maisons d’édition françaises, j’ai décidé d’écrire un texte plus amène, un microroman plus optimiste, mon troisième pour la collection Uppercut qui associe sport et littérature. Ayant appris que j’avais un diabète génétique et étant adoptée, je me suis dit que ça serait amusant d’exploiter ces deux talons d’Achille dans un même roman et qu’il était temps de travailler sur mon pays d’origine. J’ai donc choisi le taekwondo et ai commencer à bûcher avec ardeur mon sujet.
Le Matin d’Algérie : Vous avez la magie de la narration, vous arrivez à aborder tous les sujets même les plus sensibles et graves sans jamais lasser le lecteur, comment faites-vous ?
Laure Mi Hyun Croset : Merci infiniment ! J’utilise l’ironie qui permet que, derrière chaque phrase, il y en ait une autre ou du moins un autre sens. Je recours aussi à l’ellipse qui fait travailler le lecteur. J’ai beaucoup de mal à exprimer tout simplement une chose et encore moins au premier degré. Je suis aussi très attentive au rythme de mon récit et j’élague énormément. Tout ce qui n’est pas strictement nécessaire doit disparaître ! J’écris assez vite, mais je relis très longtemps mes textes.
Le Matin d’Algérie : Il y a tout un élan poétique dans vos écrits, mais on sent un cri dans chaque mot, comme pour éveiller les consciences et les personnes endormies, pensez-vous que la littérature peut changer notre regard sur le monde ?
Laure Mi Hyun Croset : Vous avez une nouvelle fois tout à fait raison. J’essaye de bousculer mes lecteurs. Je les emmène dans une histoire jusqu’au moment où ils s’aperçoivent que mon personnage s’est trompé et qu’ils auraient dû moins s’identifier et garder une distance critique. J’ai envie que les gens se méfient de tout discours, qu’ils s’intéressent toujours à la source qui les émet. C’est en cela que ma littérature est engagée, moins par les thématiques que j’aborde, mais par cette vision de l’art qui doit réveiller les gens. Je pourrais le faire de façon plus douce mais la tonalité de mes ouvrages est acidulée, peut-être un peu moins dans le dernier. On n’échappe pas à soi-même ! Oui, la littérature peut, doit changer notre regard sur le monde, nous transformer, nous rendre plus perspicaces ou plus empathiques, sinon pourquoi en lire ?
Le Matin d’Algérie : “La littérature est le chant du cœur du peuple et le peuple est l’âme de la littérature” Disait Jiang Zilong, qu’en pensez-vous ?
Laure Mi Hyun Croset : Il me semble en effet que littérature permet de dire nos joies et nos souffrances. Oui, quand elle est subtile, elle parvient à exprimer notre condition d’être humain. Cette citation est très belle, et je l’étendrais à tous les arts.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Laure Mi Hyun Croset : J’en ai quantité dont des collaborations avec plusieurs artistes. J’aimerais aussi prendre le temps de relire mon précédent roman pour le soumettre sous une forme, pas forcément moins radicale mais peut-être plus aboutie, à une maison d’édition qui aimerait vraiment le défendre. J’ai également beaucoup de projets extraordinairement stimulants avec le prestigieux et fondamental Parlement des écrivaines francophones. Je suis aussi marraine ou ambassadrice de plusieurs festivals et associations dont j’aimerais honorer la confiance et porter la cause.
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Laure Mi Hyun Croset : Merci infiniment pour votre fine et généreuse lecture de mon travail. Je vous souhaite un immense succès avec vos ouvrages. Le monde, surtout en ces temps sombres, a besoin de poésie à la fois pour comprendre et s’évader.
 
Entretien réalisé par Brahim Saci
 
Publications :
– Made in Korea, roman, BSN Press & OKAMA, Suisse
– Pop-corn girl, microroman, BSN Press, Suisse
– Le beau monde, roman, Éditions Albin Michel, France
– S’escrimer à l’aimer, microroman, BSN Press, Suisse
– Après la pluie, le beau temps et autres contes, contes, Éditions Didier, France
– On ne dit pas « je » !, récit, BSN Press, Suisse
– Polaroïds, autofiction, Éditions Luce Wilquin, Belgique
– Les Velléitaires, recueil de nouvelles, Éditions Luce Wilquin, Belgique
 
Le 4 avril 2024
lematindalgerie.com
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