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Brahim SACI est un compatriote natif de Kabylie, il vit en France depuis l’âge de 10 ans. Il est universitaire, dessinateur, caricaturiste, poète, auteur-compositeur d’expression franco-kabyle. Il travaille dans le champ culturel parisien. Après une immersion dans la chanson et la poésie kabyle, le voilà revenir à ses premières amours : la poésie française. Il a publié aux Éditions du Net, en 2016 Fleurs aux épines, en 2017 La Chute-Combler l’absence. Il vient de publier son troisième recueil de poésie intitulé Romances Inassouvies aux Éditions du Net à Paris. Entretien
La Cité : Vous venez de publier votre troisième recueil de poésie intitulé «Romances Inassouvies» pouvez le présenter pour nos lecteurs ?
« Oui, je viens de publier, aux éditions du Net, à Paris, mon troisième livre de poésie, intitulé « Romances inassouvies », c'est une somme de quêtes multiples de tout genre. Il y a dans ce recueil, de l'amour, des errances de l'amour, de la philosophie, de la spiritualité, du désir de vivre de l'harmonie dans un monde souvent turbulent et insensible aux vraies valeurs. Il y a également dans ces poésies, des descriptions de moments précis vécus en Kabylie, à Paris ou en Normandie. La poésie est ainsi ; elle vient à nous pour nous réveiller de notre léthargie, pour nous transmettre la beauté du monde qu'il faut préserver. »
La Cité : Souhaitez-vous partager quelques poèmes avec nos lecteurs ?
« Les lecteurs de la poésie ne peuvent pas se contenter de quelques textes. C'est également difficile de choisir des passages dans un livre de poésie. Je veux surtout partager avec eux ma passion de la poésie, ma passion de l'art en général. Je suis revenu à la poésie de langue française après avoir produit plusieurs albums de chansons et musiques kabyles. Dans mes chansons, j'ai chanté l'exil, l'amour, les chagrins de la séparation. J'ai également rendu hommage aux anciens chanteurs kabyles, tel Slimane Azem, qui n'ont jamais perdu les valeurs de la culture kabyle. Mais j'ai toujours été un fervent amoureux de la poésie de langue française, c'est pour cela que je suis revenu vers la création en langue française. »
La Cité : Revenons à ce qui se passe en Algérie, comment vivez-vous la révolution du peuple Algérien ?
« Ce qui se passe en Algérie me fait chaud au cœur. Toutes ces belles et grandes manifestations pacifiques sont une belle preuve de la grandeur du peuple algérien. J'ai souvent plaidé pour la démocratisation du pays et je n'ai pas toujours été compris. Je suis content que le peuple dans son ensemble exprime mes profonds désirs de toutes ces longues années. J'espère que cette révolution finira par donner ses fruits, pacifiquement, pour le bien de toute la population. Rêver à une Algérie démocratique et libre n'est pas impossible. »
La Cité : La révolution algérienne est appelée par certains « la révolution du sourire » êtes-vous d’accord avec cette appellation ?
« Peu importe comment on la désigne, l'essentiel c'est qu'elle se fait pacifiquement. Le sourire c'est bien aussi ; l'humour c'est très important dans la vie. J'ai également été caricaturiste sur les plus belles places de Paris et je connais donc la force et le pouvoir du sourire ! Il est juste à souhaiter que cette révolution ne soit pas détournée par les opportunistes. »
La Cité : L’occident a découvert finalement que les Algériens aiment la vie, la joie et ils sont finalement des gens normaux. Pourquoi les médias occidentaux dans le passé s’acharnaient à donner une mauvaise image de notre pays ?
« Je ne crois pas qu'on puisse généraliser et dire que tous les médias occidentaux avaient la même vision de l'Algérie. Les médias aiment parler des choses qui ne marchent pas, de la violence, et pendant longtemps ce qui se passait en Algérie n'était pas toujours excellent. Sinon, le peuple algérien, comme tous les peuples du monde, aiment la vie, la joie et le bonheur...Quand les grandes manifestations se sont tenues en Algérie, pacifiquement et avec le sourire, ces mêmes médias ont raconté cette réalité, sans aucune tricherie. »
La Cité : Des millions d’Algériens ont envahi les rues pour exiger une nouvelle Algérie. Hommes, femmes, filles, garçons, laïcs, islamistes…ont manifesté ensemble pour une Algérie meilleure. Quelle est l’Algérie dont vous rêver ?
« Je rêve d'une Algérie vraiment démocratique, libre, où chaque citoyen va trouver sa place, quelle que soit sa vision du monde, quelle que soit sa langue maternelle, quelles que soient ses aspirations. Que chaque Algérien se sente heureux chez lui, et que plus personne n'y soit victime d'injustice. Je rêve d'une Algérie qui va se réconcilier avec sa longue Histoire, depuis la nuit des temps. Je rêve d'une Algérie qui va s'aimer elle-même, qui va aimer tous ses enfants. »
La Cité : Plusieurs artistes ont dédié des chansons, poèmes à la révolution du sourire, qu’en est-il de votre cas ?
« J'ai déjà chanté l'Algérie dans plusieurs de mes chansons ; j'ai déjà dédié à l'Algérie plusieurs de mes poésies. C'est cela la force de l'art : parfois, sans se rendre compte, sans être opportuniste, sans attendre un événement quelconque, le créateur a déjà tout dit. Ou presque. Mais il y a toujours des choses à inventer, des chansons à créer, des poèmes à faire émerger pour une société meilleure, plus ouverte, plus tolérante, plus juste, plus respectueuse. »
La Cité : On vous laisse le soin de terminer…
« J'aimerais que la liberté et la justice sociale soient enfin à l'ordre du jour en Algérie, en dehors de tous ces slogans inutiles de toutes ces années perdues...Il est temps que l'Algérie souhaitée et rêvée par les vrais martyrs de la guerre d'Algérie et de toutes les résistants de l'indépendance soit enfin une réalité. Une Algérie qui ne va, alors, exclure aucun Algérien, une Algérie qui serait à l'écoute de tous les désirs et aspirations de tous les Algériens. »
Entretien réalisé par Hafit Zaouche
La Cité Mardi 02 avril 2019
