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Philippe Hersant est ce compositeur de génie à l’humilité stupéfiante comme le sont les plus grands. Cet homme généreux et souriant force le respect et l’admiration. Il a marqué la musique classique d’une empreinte quasi-mystique tant la lumière qui émane de ses compositions invite le cœur et l’esprit vers une élévation touchant les étoiles.

Philippe Hersant est licencié en lettres modernes de l’Université Paris-Nanterre, il a en parallèle un parcours musical remarquable. Il a fait ses études musicales au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il suit les classes d’harmonie de Georges Hugon, de contrepoint d’Alain Weber et de composition d’André Jolivet.

Philippe Hersant a aussi enseigné la musicologie à l’université Paris-Sorbonne, il a côtoyé les plus grands noms du monde de la musique classique, largement reconnu. Il s’est vu décerner les plus hautes distinctions, Il est Commandeur des Arts et Lettres.

Son catalogue est riche de près de deux cents œuvres, musique instrumentale soliste, musique de chambre, orchestre, chœur. Il est l’auteur de trois opéras : Le Château des Carpathes, commandé par le Festival de Montpellier et de Radio France, Le Moine noir, commandé par l’Opéra de Leipzig et Les Éclairs, sur un livret de Jean Echenoz, commandé par l’Opéra-Comique.

Il a également écrit une musique de ballet pour l’Opéra de Paris, Wuthering Heights, sur une chorégraphie Kader Belarbi, des Vêpres de la Vierge, commandées par Notre-Dame de Paris pour le 850ème anniversaire de la cathédrale et un opéra choral, Tristia, commandé par Teodor Currentzis et l’Opéra de Perm en Russie.

Philipe Hersant a également écrit un grand nombre de musiques de scène et de musiques de film. Il est ce composteur patient et persévérant qui traverse les ans déchirant l’air, le souffle sans cesse renouvelé, avec une jeunesse défiant le temps avec des créations qui émerveillent le profane et le mélomane tant l’émotion est élevée à son paroxysme.

Excusez du peu, Philippe Hersant est comme cette source où mène la Grande Ourse, où s’abreuve l’âme et le cœur.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes un compositeur reconnu, vos créations sont un jaillissement de lumière, qui est Philippe Hersant ?

Philippe Hersant : Je ne pense pas que ma production ait toujours été lumineuse ! Elle s’est nettement éclaircie au fil du temps. Mes œuvres ont longtemps été le reflet d’un parcours chaotique, semé de doutes, parfois même à la limite du renoncement. À cinq ans, j’étais sûr de vouloir être compositeur. C’était une véritable vocation. Mais à l’adolescence, l’incertitude s’est installée durablement… J’avais 30 ans lorsque j’ai écrit ce que je considère comme mon opus 1. J’ai renié tout ce que j’ai écrit auparavant. Il m’a donc fallu des années pour me trouver, pour m’accepter. La route fut longue, tortueuse et escarpée…

Le Matin d’Algérie : Les arts en général et la musique en particulier sont comme cette fontaine de jouvence, les ans, le temps n’ont pas d’emprise sur le génie créateur, vous paraissez infatigable, comment faites-vous ?

Philippe Hersant : Depuis une vingtaine d’années, le rythme de ma production s’est beaucoup accéléré. C’est parce que, progressivement, le fait d’écrire de la musique est devenu pour moi naturel, régulier, presque quotidien. Je ne remets plus jamais cela en question et n’imagine pas ma vie sans cette activité.

Je ne dirais pas que le temps n’a plus d’emprise sur moi, mais je pense que cette certitude adoucit le cours du temps et j’en suis heureux.

Le Matin d’Algérie : Quels sont les compositeurs qui vous influencent ?

Philippe Hersant : Ils sont extrêmement nombreux ! Je n’ai pas coupé le lien avec la musique du passé : celle-ci, bien au contraire, me nourrit. Lorsque j’avais vingt ans, j’adoptais, par suivisme, une attitude avant-gardiste (« Du passé faisons table rase » !) Cette attitude n’était pas profondément ressentie, elle ne me correspondait pas et m’a mené dans une impasse. Mes compositions maintenant font souvent référence au passé, parfois même à un passé très ancien (musiques médiévales, renaissantes, baroques…) Je suis également influencé par les musiques populaires de toutes origines. Je me sens relié à toutes les musiques du monde qui m’ont précédé et qui me touchent. Je ne sens nullement le besoin d’innover à tout prix.

Un compositeur me fascine particulièrement, c’est Gustav Mahler, car ses œuvres englobent tout, le sublime et le trivial, le savant et le populaire, le sacré et le profane. Ses symphonies sont des œuvres-mondes.

Le Matin d’Algérie : La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée, disait Platon, qu’en pensez-vous ?

Philippe Hersant : J’ai souvent lu cette phrase et j’ai longuement cherché (sans succès) à savoir de quel dialogue de Platon elle provenait.

En fait, je crois qu’elle est un résumé un peu sommaire de ce que le philosophe dit dans le Timée : « Quand on cultive avec intelligence le commerce des Muses, l’harmonie, dont les mouvements sont semblables à ceux de notre âme, ne paraît pas destinée à servir, comme elle le fait maintenant, à de frivoles plaisirs ; les Muses nous l’ont donnée pour nous aider à régler sur elle et soumettre à ses lois les mouvements désordonnés de notre âme, comme elles nous ont donné le rythme pour réformer les manières dépourvues de mesure et de grâce de la plupart des hommes ».

En somme, la musique, si elle est pure, peut influencer l’âme humaine et la rendre bonne. Belle idée !

Le Matin d’Algérie : Nous vivons une époque écorchée, déréglée, la musique peut-elle aider à retrouver les repères perdus qui équilibrent la balance ?

Philippe Hersant : Toute forme d’art peut aider, je pense, à compenser les laideurs et les dérèglements du monde. Dans L’Idiot de Dostoïevski, le prince Mychkine dit cette phrase fameuse : « La beauté sauvera le monde ». Comment s’en passer ?

Le Matin d’Algérie : Les conservatoires sont la vitrine d’un pays, et leur santé est un indicateur du niveau culturel et du bonheur, qu’en pensez-vous ?

Philippe Hersant : Oui, ils sont essentiels, bien sûr ! L’apprentissage d’un instrument et – peut-être plus encore – la pratique collective, au sein d’un orchestre ou d’un chœur, est un formidable outil de socialisation. Cela apprend à écouter l’autre, à vivre ensemble, à s’ouvrir vers le monde.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Philippe Hersant : De nombreux projets ! Des œuvres chorales, un concerto pour violon et, pour dans quatre ans, un opéra.

Entretien réalisé par Brahim Saci.

philippehersant.fr

Le 17 mars 2024

 

lematindalgerie.com

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