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Deux hommes sur les chemins d’une même gloire

Brahim SACI sur les traces de Slimane AZEM

Deux hommes sur les chemins d’une même gloire

Après » les nuits de l’absence », » l’amour ne meurt pas », l’écrivain et journaliste Mohand Cherif Zirem signe un livre très singulier. Un hommage à deux artistes très singuliers: Brahim Saci et Slimane Azem.

Les grands artistes ont la possibilité d’exprimer non seulement leurs sentiments profonds et leurs sensations les plus complexes, mais ils peuvent aussi sentir la douleur et la joie des autres, en gardant l’œil clairvoyant sur le présent et l’avenir. Brahim Saci, ce grand artiste fait partie de ces génies. Saci est un artiste sincère qui s’exprime en toute liberté. Saci ne fait qu’écouter son coeur si sensible et sa raison sereine et ingénieuse. Brahim chante la vie avec ses couleurs multiples, l’exil la fraternité l’humanisme et bien d’autres thèmes. Sur les traces de Slimane Azem, il continue de produire des ouvres merveilleuses. Ce talentueux chanteur préfère s’exprimer artistiquement au lieu de « se montrer » dans la presse, mais il a accepté d’accorder à son ami Zirem cet entretien en exclusivité. Brahim nous parle du monde fabuleux de la création et nous raconte son parcours mouvementé. Il nous révèle aussi des vérités longtemps occultées sur Slimane Azem. « De 1999 à 2002 à Radio France Maghreb, j’ai collaboré avec Said Kejat dans son émission culturelle hebdomadaire où je présentais des pages sur l’histoire antique des berbères à partir de l’installation des phéniciens au 9ème siècle avant Jésus-Christ sur les côtes berbères. Voilà un long parcours radiophonique. Je ne me suis rendu compte que tard, candide que j’étais, qu’il n’y a aucune perspective d’évolution dans le domaine maghrébin en France, après toutes ces années d’expérience radio, triste constat. Non seulement ce milieu n’offre aucune perspective mais on vous oublie sans même un merci de la part des responsables des radios. J’aimais l’animation radio surtout de minuit à 6h, car le monde de la nuit est fascinant, si c’était à refaire j’aurais essayé de travailler à Radio France. Une fois grâce à une relation une occasion s’est présentée, pour une place de journaliste, avoir une licence et moins de 30 ans, la première condition était remplie mais j’avais plus de 30 ans, le destin en a voulu autrement », raconte Brahim Saci sur son itinéraire riche et mouvementé. Il parle aussi de Slimane Azem, un artiste qu’il admire profondément.

Il s’inspire tout aussi bien de lui, mais tout en restant lui même avec une originalité incontestable. « Slimane Azem est un grand humaniste, grand poète philosophe visionnaire. Il fut une légende de son vivant, comme l’était avant lui le barde kabyle du 19ème siècle Si Mohand U-Mhand, les deux ont eu un destin tragique. Si Mohand U-Mhand a été poussé sur les routes de l’errance pour sauvegarder son statut de kabyle libre, refusant toute autorité coloniale, après la destruction de son village, la confiscation de ses terres, le massacre et la dispersion des siens par l’armée coloniale. Poète errant composant sur les routes dénonçant le nouvel ordre dicté par l’occupant.

Slimane Azem fut aussi le verbe libre et vrai, admiré par les millions de kabyles qui voyaient en lui l’héritier de Si Mohand U-Mhand. Slimane Azem a dénoncé le colonialisme, a chanté la joie de l’indépendance et les désillusions du parti unique, d’un autoritarisme qui allait s’attaquer aux libertés démocratiques et tenter de balayer la langue berbère plusieurs fois millénaire. Poète engagé, il disait haut ce que le peuple pensait tout bas, il était le porte parole du peuple kabyle pendant plus de 50 ans. En 1967 il fut officieusement, selon les dires de certains, interdit d’antennes des radios algériennes et considéré comme personne non grata par la presse. La loi du silence était tombée, les uns ayant peur pour leur place, pour défendre leur maigre salaire, d’autres par zèle pour espérer s’attirer les faveurs du pouvoir ont semé la rumeur d’une interdiction officielle qui n’en était pas, toujours d’après ces même dires, mais vu la facilité avec laquelle la rumeur s’imposait partout cela arrangeait le pouvoir qui n’attendait que l’occasion pour museler cet artiste légendaire au talent inégalable. Mais on peut mettre un oiseau en cage mais on ne peut pas l’empêcher de chanter », estime Saci. En somme, « Brahim Saci sur les traces de Slimane Azem » est un très bon livre qui nous fait découvrir d’avantage le génie de Saci et nous rappelle l’immense Azem. Ce livre est une passerelle entre un passé glorieux, un présent incertain et un avenir à réinventer sur les sentiers de l’éternité.

Hafit Zaouche

Le Courrier d’Algérie du 01 décembre 2010

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